NOTES
La même source, Diogène Laërce (ouvrage cité), reçoit le même traitement que plus haut.
-Aristote. Diogène Laërce développe les dix raisons qu'ont les pyrrhoniens de suspendre le jugement; la cinquième a été employée plus haut sous le nom d'Eudoxe -voir la note à « où elle s'arrêtent ». Cet exemple-ci illustre la deuxième: « En second lieu, ils allèguent la différence qui se remarque entre les hommes selon les tempéraments. Démophon, maître d'hôtel d'Alexandre, avait chaud à l'ombre et froid au soleil. Aristote dit qu'Andron d'Argos traversait les sables de Libye sans boire. L'un s'applique à la médecine , l'autre à l'agriculture , celui-là au négoce, et ce qui est nuisible aux uns se trouve être utile aux autres; nouveau sujet d'incertitude. » (p. 429.)
Hugo y ajoute l'invocation des « trois noms de la trinité égyptienne, Amon-Mouth-Khons ». Ces trois dieux forment « la triade divine initiale » honorée à Thèbes dont la manifestation terrestre « se résout en Osiris-Isis-Horus» selon O. Beauregard (Les divinités égyptiennes..., Lacroix et Verboeckhoven, 1866, p. 112 et 124) se référant aux travaux de Champollion-Figeac (L'Egypte ancienne, 1839). Aucun de ces deux auteurs ne figure à Hauteville House mais Beauregard avait publié en 1863 une première version de son ouvrage sous le titre Simples observations sur l'origine et le culte des divinités égyptiennes et ses travaux, comme ceux de Champollion-Figeac, pouvaient être connus, indirectement, de Hugo.
Platon. « [Les stoïciens] croient encore que les sages doivent avoir communauté de femmes, et qu'il leur est permis de se servir de celles qu'on rencontre. Telle est l'opinion de Zénon dans sa République, de Chrysippe dans son ouvrage sur cette matière, de Diogène le cynique, et de Platon. lls la fondent sur ce que cela nous engage à aimer tous les enfants comme si nous en étions les pères, et que c'est le moyen de bannir la jalousie que cause l'adultère. » (p. 323.)
Gorgisippe. Nous n'avons trouvé ce nom attesté nulle part; Hugo le forge sans doute à partir de Gorgias. Les représentations de la forme de la terre chez les Anciens ne sont pas unifiées; Platon la voit plate, mais Thalès, Zénon et les stoïciens, Pythagore, la devinent ronde et Aristote l'établit - voir l'article FIGURE DE LA TERRE de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert.
Epicure: « En d'autres endroits, [Epicure] dit que la terre est portée par l'air comme dans un char; il ajoute qu'on ne doit pas croire que les mondes aient nécessairement la même configuration. Au contraire, dans son douzième livre de la Nature, il affirme qu'ils sont différents, les uns étant sphériques, les autres ovales, et d'autres autrement figurés, quoiqu'il ne faille pas supposer qu'il y en ait de toutes sortes de formes. » (p. 472.)
Hermodamante est le nom du premier maître de Pythagore et les prodiges auxquels Hugo dit qu'il croyait sont ceux que la légende prêtait à Pythagore selon le Dictionnaire de Chaudon. Celui de la lune reflêtant ce qu'il écrivait sur un miroir a déjà été utilisé plus haut voir la note à « miroir exposé à la lune », d'autres suivent: « [On disait] ...qu' il parut avec une cuisse d'or aux Jeux Olympiques; qu'il se fit saluer du fleuve Nessus; qu'il arrêta le vol d'un aigle, apprivoisa un ours, fit mourir un serpent, et chassa un boeuf qui gâtait un champ de fèves par la vertu de certaines paroles; qu'il se fit voir au même jour et à la même heure en la ville de Crotone et en celle de Métaponte [cette légende-ci est employée plus haut, voir la note à «Crotone»]; qu'il avoit des secrets magiques; qu'il prédisoit les choses futures , etc. etc. »
Echécrate figure dans une liste de disciples de Pythagore donnée par Diogène Laërce (p. 374); Hugo y trouve aussi le nom et la qualité de Thémistoclée : « Le même auteur [Aristoxène], ainsi que nous l'avons déjà rapporté, dit que Pythagore tenait ses dogmes de Thémistoclée, prêtresse de Delphes. » (p. 363).
Quant au fait qu'une vierge soit mère, il n'a rien de miraculeux, ni même de surprenant chez les Grecs qui désignent du même mot la vierge et la femme non mariée. Athéna, déesse vierge par excellence, est mère, entre autres, d'Apollon. Substantivé par un article, l'adjectif « vierge » signifie le fils, ou la fille, d'une femme non mariée. Il faut comprendre en ce sens cette phrase de Diogène Laërce qui a pu égarer Hugo: « On lit dans Timée, livre dixième de ses Histoires, qu'il [Pythagore] disait que les filles qui habitent avec des hommes sans changer d'état doivent être censées déesses, vierges, nymphes, et ensuite nommées matrones. » (p. 359.)
Pythagore lui-même ou plutôt ses disciples, aux dire de Hermippe, « ne se servaient point de planches de cyprès pour la construction de leurs sépulcres, par scrupule de ce que le sceptre de Jupiter était fait de ce bois. » (p. 359 également.) C'est que le cyprès, dont le feuillage est insensible à l'hiver, était -et est resté- symbole d'éternité.
Posidonius, auteur de Eléments sur la science des choses célestes, Physique, Le Monde, apparaît, dans Diogène Laërce, comme l'un des principaux physiciens de l'école stoïcienne. L'énoncé relevé par Hugo s'y trouve: « ... les corps ignés ont une nourriture, aussi bien que les autres astres. Le soleil se nourrit dans l'Océan, étant une flamme intellectuelle. La lune s'entretient de l'eau des rivières, parce que, selon Posidonius, dans son sixième livre du Système physique, elle est mêlée d'air et voisine de la terre, d'où les autres corps tirent leur nourriture. » (p. 329.) Mais s'y trouvent aussi de remarquables intuitions: nature ignée du soleil, plus grand que le globe de la terre; terre plus proche de la lune que du soleil, lumière du soleil réfléchie par la lune, éclipse de la lune provoquées par l'ombre de la terre...
Pyrrhon. Les tignes vivant dans le feu apparaissent dans la première des catégories de « raisons d'incertitude sur les apparences qui tombent sous la vue ou sous l'entendement » qu'on a déjà vues détournées de leur sens par Hugo (paragraphe Aristote de cette note): « Premièrement, ils allèguent la différence qui se remarque entre les animaux par rapport au plaisir et à la douleur, et à ce qui est utile ou nuisible. De là ils concluent que les mêmes objets ne produisent pas les mêmes idées; différence qui doit entraîner l'incertitude. Car, disent-ils, il y a des animaux qui s'engendrent sans union de sexes, comme ceux qui vivent dans le feu, le phénix d'Arabie et les tignes; d'autres par l'union des sexes, comme les hommes et plusieurs autres. Pareillement, leur constitution n'est pas la même; ce qui fait aussi qu'il y a de la différence dans les sens dont ils sont doués. Le faucon a la vue perçante, le chien l'odorat fin. » (p. 428, section PYRRHON.)